LE POURQUOI DU COMMENT par Gilbert Paul

Remets bien le bouchon !Le Pourquoi du comment ….

 

La couleur… La forme …

Il est important qu’un peintre fasse en sorte que quelque chose, sur sa toile, déplace le regard du spectateur. Il faut l’intéresser à ce que l’on a voulu transmettre sur sa toile.

Pour captiver l’œil, je pense qu’il y a deux fondamentaux : la couleur, car elle est partout – on l’aime ou on ne l’aime pas – mais, même si on n’est pas sensible ou réceptif au «vert», par exemple, notre oeil ne peut l’éviter. La couleur, qu’elle soit froide ou chaude, nous captive depuis notre plus tendre enfance. C’est elle que nous voyons immédiatement lorsque nous fixons un motif. Ensuite, vient la forme. Certains seront attirés par des formes franches, pointues, tranchantes, d’autres par des formes beaucoup plus douces, telles que arrondies, (voir dans le détail du tableau présenté ci-dessus).

Le cubisme, l’impressionnisme semblent un peu dépassés, et le marché de l’Art actuel nous offre de plus en plus de peinture abstraite. Les figuratifs ont du mal à imposer leurs styles. Moi, je pense que le figuratif reviendra en force, que le public finira par rechercher autre chose que ces peintures qui finissent par toutes se ressembler. La création numérique arrive sur le marché, certains utilisent un clavier pour faire, avec des programmes appropriés, ce qu’ils qualifient de peinture numérique. Elle suit, malgré tout, quelques collectionneurs en recherche de nouveautés, mais ne doit-elle pas rester au rang d’un travail d’infographiste?

Actuellement, ma recherche première est de rassembler couleur et forme dans une harmonie douce, sans agressivité. Les formes sont en arabesque aux angles arrondis de façon à ne pas heurter l’œil du spectateur. Avec les années, de nouvelles couleurs sont apparues sur ma palette. En principe, les peintres connaissent les couleurs de base apprises dans les premiers cours de peinture à l’école primaire et les utilisent tout au long de leur carrière. A partir du moment que vous« travaillez » ces couleurs, en principe, le public ne sera pas choqué, il sera même rassuré car il connaît ces couleurs. Les fauves l’avaient bien compris ! La difficulté vient dès que vous sortez d’une gamme de base pour rechercher autre chose, à savoir des couleurs obtenues par des mélanges et très peu utilisées. Mais n’est-il pas intéressant de découvrir des mélanges « originaux » ?

L’écriture …

Depuis quelque temps, je choisis cette démarche de façon à donner à mes créations plus de puissance et de mystère. Si vous observez mes arbres, vous remarquerez que je n’ai pas cherché à peindre un arbre tel qu’il est, mais à représenter un arbre, et cela sans «tomber» dans une peinture abstraite. Le piège étant de rester dans le sujet afin que le spectateur ne soit pas troublé et qu’il comprenne la toile.

Je me suis souvent demandé – hormis les freins qui pourraient être : le prix, la taille, le support, ce que recherchent les amateurs d’Arts, ce qui les motive pour se décider à acquérir une toile. Il reste alors le sujet et c’est lui lui seul qui va séduire ou non le futur acquéreur. Mais alors, quoi peindre ? Le sujet est bien sûr primordial, et je pense qu’il faut offrir au public un véritable travail de création, ainsi que des toiles certifiées qui garantissent l’authenticité d’une pièce unique. Avec, en plus, la bonne qualité des matériaux utilisés, tels que les huiles, toiles et châssis.

Le plaisir de peindre doit rester primordial. Les heures passées ne se comptent pas, elles ne doivent être que des heures de plaisir. Vous ne peindrez bien que si vous êtes en totale liberté artistique, sans contraintes de délais ou de temps. Les expositions permettent de présenter son travail au public et de se faire connaître parmi une multitude de peintres sur le marché. C’est pour cela qu’il faut imposer sa propre « écriture » de manière à être reconnu dès le premier regard sur votre toile.

 

L’harmonie …

Mon travail de création est constamment remis en cause ; je dois sans cesse rechercher de nouveaux sujets, de nouvelles mises en page. Mon imagination étant au cœur de ma créativité, je dois rester à l’affut de la moindre « chose » qui puisse m’inspirer une ébauche. Mon regard est partout, j’observe le plus petit détail d’un paysage ou d’un lieu. Dès que je «tiens quelque chose», je m’empresse de prendre mon carnet à croquis et de griffonner un premier tracé qui sera ensuite repris sur ma toile à l’aide d’un fusain. La construction étant prête, il me reste à trouver l’harmonie des couleurs. Là, est mon plaisir, car tout est à faire. J’aime les effets de lumière – les sombres qui donnent à la toile toute sa force – ainsi que le cerne noir qui cloisonne les couleurs tel un vitrail.

Dans la toile, représentée ci-dessous, vous remarquerez que toute la force du tableau est située dans la partie gauche de la toile. En effet, le ciel bleu pâle et le mur éclairé par le soleil – que l’on ne voit pas d’ailleurs – sur la petite maison, laissent deviner qu’il y a un grand soleil malgré les arbres très sombres peints au premier plan. L’ombre des cyprès, sur un sol jaune couleur Sahara, renforce l’effet lumière. Un grand arbre bleu domine la composition : j’ai choisi de le peindre en bleu pour créer un effet émotionnel et attirer le premier coup d’œil du spectateur. L’idée générale de ce tableau étant d’arriver à surprendre, par une composition très colorée mais en même temps très sombre. La difficulté étant de garder une zone éclairée dans une mise en scène sombre. Le spectateur jugera si j’ai atteint mon but. Le titre, « Soleil sur la maison par un bel après-midi » doit effectivement être représentatif de ce que j’ai voulu peindre.

Soleil sur la maison par un bel après-midi

Soleil sur la maison par un bel après-midi,
huile sur toile,73 x 54 cm

 

Dans les différents thèmes que j’ai abordés depuis 2009 : – «Instants de vie , 2009-2011 » , « Sensations , 2011-2013», et «Ombre & soleil, depuis fin 2013», – ma recherche graphique est basée sur le mouvement, le trait et la lumière. Le spectateur devant ressentir, en regardant mon travail, une sensation de sérénité et de calme, malgré le cerne noir qui aurait tendance à assombrir le sujet. L’idée première étant d’interpréter de l’ombre et du soleil sur la même toile.

Dans le tableau ci-dessous, «Les ombres commençaient à s’étirer dans la lumière jaune du crépuscule», j’ai voulu une composition en deux zones : la partie haute de la toile se trouve en plein soleil – sensation accentuée par la couleur jaune des arbres en arrière plan -, la partie basse de la toile étant dans l’ombre de façon à appuyer l’effet lumière.

 

Les ombres commencaient à s'étirer dans la lumière jaune du  crépuscule

Les ombres commençaient à s’étirer dans la lumière jaune du crépuscule,
huile sur toile, 92 x 73 cm

 

Vous remarquerez que très peu de couleurs sont utilisées dans la composition. J’ai utilisé, pour les feuilles de lotus, un vert «oxyde de chrome» pour faire ressentir la froideur de l’ombre. Avec «Sensations», j’ai proposé une peinture plus colorée et dans de plus grands formats, afin de mieux exprimer, par la toile, ce que me transmettaient mes propres sens, le vent, la neige, la chaleur constituant mes sujets de prédilection pour ce thème. Il s’agissait de restituer l’émotion ressentie face à un paysage de neige ou de grand vent (ci-dessus, fin de neige sur les îles).

Pour le thème« Instants de vie», ma recherche était basée sur des souvenirs d’enfance, des rencontres, des états d’ âme ; ce thème a d’ailleurs fait l’objet d’un catalogue, de quarante quatre toiles, aujourd’hui épuisé, chaque toile étant accompagnée d’un petit texte (exemple ci-dessous avec « la boîte vide »).

 

la boîte vide 2

La boîte vide, huile sur toile, 50 x 61 cm, collection particulière

«Je me suis souvent demandé pourquoi ma grand-mère gardait les boîtes vides.
En fait, elle conservait tout : les petits morceaux de tissus, les emballages de bonbons,
même les bouts de ficelle».

 

Le partage …

Je crois profondément qu’un peintre passionné et créatif ne s’adonne pas à une production «commerciale» mais est en recherche constante de nouvelles créations. Là, est son véritable plaisir ! Il trouve sa récompense dans le bonheur d’avoir ému un spectateur – jusqu’au point où celui-ci manifeste son émotion – plus que dans la vente, qui bien sûr, procure un certain confort matériel au créateur. Pour moi, peintre, le bonheur est dans le partage. Partager ses créations avec le regard des autres est l’aboutissement du labeur accompli dans la solitude de mon atelier.

L’émotion …

Comment transmettre de l’émotion ?

Par le mouvement !

Tout ce qui bouge est vivant, donc dégage forcément une émotion. Par exemple : lorsque je peins un arbre, je ne veux pas reproduire un arbre, je veux représenter un arbre. Il n’est pas question de reproduction du modèle mais d’interprétation. Mon arbre doit dégager de l’émotion. Il ne doit pas être figé : il doit respirer, il doit donner l’impression qu’il est vivant. Cela est valable lorsque je travaille un ciel. Il n’est pas question, non plus, d’un simple aplat de couleur uniforme mais de touches vibrantes de façon à animer l’espace et donner du mouvement à la composition finale.

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